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Ils parlent de nous

FRANCE - Terre de vins

22 mai 2018

Pour le dernier numéro de « Terre de Vins » (actuellement dans les kiosques), Olivier Bernard, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux et gérant du domaine de Chevalier, Cru Classé de Graves, s’est allongé « sur le divan ». Retrouvez ici son entretien en intégralité.

Président de l’Union des grands crus de Bordeaux depuis six ans, Olivier Bernard est par ailleurs directeur du groupe Bernard, groupe qui réalise un chiffre d’affaire de 100 millions d’euros environ, emploie 250 salariés et rassemble plusieurs activités : les alcools, activité historique créée par son grand-père dès 1928, le Domaine de Chevalier, acheté par le groupe en 1983, date de la création de Millésima, site internet qui a su conquérir une trentaine de pays mais aussi ouvrir des boutiques à New York et Saint-Tropez. Si le grand père d’Olivier, originaire de Lille (Nord) a ancré l’affaire familiale à Bordeaux, la « tribu » Bernard et Olivier en particulier ont su développer ce groupe qui rassemble aujourd’hui plus de 300 actionnaires familiaux. Gérant du Domaine de Chevalier, cru classé de graves, Olivier Bernard a fait passer le foncier familial de 18 à 200 hectares en trois décennies. En plus de 60 hectares de rouge et 7 de blanc à Chevalier, Olivier Bernard exploite le Domaine de la Solitude, le Domaine Lespault-Martillac, a pris une participation dans château Guiraud (100 hectares à Sauternes) et a lancé avec succès Clos des Lunes, un blanc sec issu des terroirs de Sauternes. Président de la célèbre Union des grands crus, Olivier Bernard, vigneron reconnu, est apprécié pour son œil avisé, son humanisme, sa capacité à rassembler et sa connaissance parfaite du vignoble bordelais et des hommes qui le constituent. Né en 1960, marié à Anne, il est le père d’Adrien, 33 ans, directeur commercial au Domaine de Chevalier, et Hugo, 31 ans, responsable de production au clos des Lunes. Vice- chancelier de l’Académie du vin de Bordeaux, il fut également président de l’Union des crus classés de graves et reste membre du bureau du Syndicat viticole de pessac-léognan et membre de l’Académie du vin de France. A une année de la fin de son mandat de président, Olivier Bernard s’est allongé sur le divan. Un verre de côte-rotie en main (Domaine Pichon, 2015), il nous fait partager son regard sur Bordeaux. En totale liberté.
 

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Ta très grande émotion autour un vin ?
 J’en ai eu tellement ! Il y a quelqu’un que j’aime beaucoup qui s’appelle Michael Broadbent. Je connais beaucoup de gens qui, lorsqu’ils ont donné une grande période de leur vie au vin, se lassent. Lui, son regard s’illumine. Il a un vrai plaisir. Je crois, moi aussi, être attaché à ce sourire, à cette émotion. Ce très joli côte-rotie que nous buvons m’émeut, même si avec quelques années il m’émeuvrait encore plus. Il est capable d’aller plus loin. Je suis très sensible à ce rapport avec le vin. 

Qu’est ce qui te révolte profondément?
 France, pays de liberté, fraternité et égalité. Quand France tu mets les 35 heures en route, où est la liberté ? Des gens ont besoin d’éduquer leurs enfants, de se payer leur maison. Pourquoi niveler par le bas ? Pourquoi obliger les gens à travailler 35 heures ? Les jeunes, l’été, ils veulent e payer leurs vacances et veulent travailler plus ! Pourquoi ne pas leur laisser la liberté ? Nous ne sommes pas tous égaux devant la retraite. Des gens en ont ras le bol à 58 ans et sont en capacité physique moyenne. D’autres à 65 ans sont en pleine forme ! Adaptons nous. 

Qu’est ce qui t’emporte ou te réjouit ?
 Ce qui me guide c’est que le plus beau vin de ma vie est celui que je ferai demain. Ça me fait avancer. Tous les jours on a des courriers qui viennent de l’autre bout de la terre et qui nous disent merci.
 Aussi, j’ai une petite fille née il y a deux ans. Cette petite fille me réjouit. Quand elle arrive à Chevalier, c’est la reine. Plus tard, j’essaierai de lui apprendre la terre et certaines valeurs.

Un acte audacieux ?
 J’ai envie de passer un message aux jeunes, c’est osons ! Récemment, nous sommes allés à Céret (Pyrénées-Orientales) chez Diam. Nous allons passer Chevalier rouge 2016 sur Diam. Ça il faut oser. J’ose. Beaucoup de gens disent « c’est trop tôt ». Moi, j’ai 10 ans de recul. Avec le recul, le résultat est toujours le même : c’est toujours Diam qui gagne. Je veux donc arrêter de mettre des bouchons à risque pour mes clients. J’aime qu’ils soient contents avec une bouteille de Chevalier. Donc je choisi Diam.
 Un mot sur ton engagement au service des autres… avec cette association de l’Abbé Jean Vincent.
 C’est une association baptisée du nom du père fondateur sur un terrain mitoyen du Domaine de Chevalier. Il a commencé avec des planches en bois. Il voulait accueillir les plus démunis, particulièrement ceux qui ne sont pas pris ailleurs. On va très loin dans l’accueil de ces grands précaires. A Léognan (33), ce ne sont que des hommes. Ils ont passé 10 ou 20 ans dans la rue et sont désociabilisés. On va leur redonner une dignité, une vie en communauté. Pour financer ça, je fais des concerts à Chevalier, pour aller chercher des sous. Quand j’y suis, je suis très heureux d’y être. Je suis très heureux de donner mon temps...

 

http://www.terredevins.com/actualites/entretien-olivier-bernard-faut-quon-ai-envie-de-mettre-marque-bordeaux/